• Madrigal Triste


     Que m'importe que tu sois sage?
     Sois belle! et sois triste! Les pleurs
     Ajoutent un charme au visage,
     Comme le fleuve au paysage;
     L'orage rajeunit les fleurs.

    Je t'aime surtout quand la joie
    S'enfuit de ton front terrassé;
    Quand ton coeur dans l'horreur se noie;
    Quand sur ton présent se déploie
    Le nuage affreux du passé.

    Je t'aime quand ton grand oeil verse
    Une eau chaude comme le sang;
    Quand, malgré ma main qui te berce,
    Ton angoisse, trop lourde, perce
    Comme un râle d'agonisant.

    J'aspire, volupté divine!
    Hymne profond, délicieux!
    Tous les sanglots de ta poitrine,
    Et crois que ton coeur s'illumine
    Des perles que versent tes yeux!

        Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal


  • Commentaires

    1
    Heljih
    Jeudi 12 Mars 2009 à 19:11
    Baud-baud
    Toujours aussi gai ce cher Charles ^^ Je sais pas pourquoi je suis venu sur ton blog depuis le temps mais tu vois, il faut croire que je renifle à distance les nouveaux billets :o
    2
    Dimanche 12 Avril 2009 à 23:17
    @ heljih
    t'as toujours un sens inné pour ça! ^^
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